Amiel et la Savoie

Cette semaine, dans Le Messager, un grand écrivain genevois visite les environs du Salève, en Savoie : http://entrenous74.com/forum74/weblog_entry.php?e=128

A chaque fois que je lis une de tes propositions alléchantes d'apprendre des choses et que je clique sur le lien, tu en dis juste ce qui faut pour qu'on achète la chose... Tu devrais demander des parts au Groupe Jura Presse.

B-noa, en principe, je suis solidaire du journal qui me publie. Et je ne demande rien en échange de cette solidarité. Mais si tu ne peux pas l'acheter pour une raison quelconque, il suffit de me demander si, lorsque le n° ne sera plus en vente (la semaine prochaine), il sera possible de placer l'article que j'ai écrit en ligne. Car alors, ce sera la solidarité avec les autres membres du site "Savoielecture" qui pourra jouer sans nuire à l'autre solidarité obligée. Mais j'espère que tu comprends que je dois d'abord quelque chose au journal qui me publie. En tout cas, il serait faux et présomptueux de dire que, dès que je ne pense pas aux membres de "Savoielecture" (notamment toi) au premier chef, je ne penserais qu'à gagner de l'argent.

Mis à part me prêter des considérations inutiles, ta proposition de nous mettre en ligne quelques-uns de tes articles une fois l'édition du journal hors-vente, je trouve ça sympathique pour les lecteurs de ce site.

Pour la close de solidarité, elle va de soi ! Dommage que tu interprètes au 1er degré une boutade virtuelle

Ne sois pas si susceptible non plus, B-noa : je me suis exprimé au conditionnel :

Citation :

il serait faux

. Pour les articles, tu as remarqué que je les signale tous sur le site "Savoielecture" : c'est au cas où le sujet peut intéresser quelqu'un. Je renvoie à mon blog, où j'en dis un peu plus. Surtout quand j'ai un lien personnel avec le sujet. Ici, c'est la SGE, dont je suis heureux de faire partie à cause d'Amiel. Ailleurs que sur mon blog, ne dirait-on pas que je me vante, si j'en parlais ?

Je ne peux quand même pas mettre tous les articles, surtout ceux qui ne sont pas susceptibles d'intéresser grand-monde. Si tu me dis que tu étais dans l'incapacité physique ou financière d'acheter le journal, mais qu'Amiel t'intéresse (j'ai déjà compris que c'était le cas), je mettrai celui que je lui ai consacré ici jeudi prochain. A jeudi, donc ! Car j'interprète tes propos comme un désir ardent que je le fasse et l'impossibilité dans laquelle tu t'es trouvé de te procurer le journal.

Disons qu'à chaque article produit ici, je suis le lien sur ton blog pour en savoir plus... On sent le côté littéraire, la faculté d'apâter l'explorateur virtuel, le chaland.

J'aime faire parti de ceux-ci

Euh, B-noa ! Le Messager accepte de me publier dans l'espoir que mes articles intéressent suffisamment certaines personnes pour qu'elles s'abonnent. Enfin, je suppose. Je peux rendre service dans les moments les plus critiques, mais si tu désires lire chaque semaine ma chronique, le plus simple est de l'avoir sur papier dans ta boîte aux lettres le jeudi. Si tu t'abonnes à L'Essor savoyard, tu connaîtras, de surcroît, les nouvelles de ta petite province, de telle sorte que, quand tu rentreras au pays, si tu veux t'impliquer dans la vie locale, tu sauras qui est qui, qui a fait quoi, ce qu'il reste à faire, ce qu'il est possible de proposer, et ainsi de suite. Des faits aussi simples que la nature des bilatérales avec la Suisse (simples pour ceux qui habitent en Haute-Savoie) ne t'auraient pas échappé. Or, l'identité d'une région ne réside pas seulement dans les abstractions venues du fond des âges, mais aussi dans les dispositions économiques et le fonctionnement des institutions représentatives au sein de cette région. Enfin, c'est mon avis. Et je ne dis pas cela pour rabaisser le fond des âges, qui m'intéresse aussi ; mais je crois que cela ne suffit pas.

Je sais.

J'ai été abonné pendant 2 ans au 4 éditions de la région, donc j'ai pu être au courant de certaines choses dont les fameuses bilatérales qui favorisent pour l'instant les genevois et dans quelques années ouvertes aux français.
Et puis, avec mes contacts réguliers avec ma famille, mes voyages et mes amis, je reste suffisamment au courant pour me tenir informé au minimum. Exemple, les licenciements dans certaines entreprises locales, la main mise anglaise dans certaines stations de ski, les projets de développement local comme la création de lignes entre Annemasse-Genève...

Mais bon, je me suis fait une raison, mon retour au pays ne se fera pas avant une dizaine d'année et encore...

Je n'ai pas attendu aussi longtemps ! Dès ma première année comme titulaire, j'étais en Franche-Comté, dans le haut Jura, qui est tout près de la Haute-Savoie, en fait. Ce sont d'ailleurs des colons vaudois et bugistes qui l'ont peuplé au XIVe siècle. J'avais demandé les académies de Lyon et Grenoble, et je fus mis à Besançon par extension. Ce fut très intéressant.

Ensuite, j'ai acheté une maison en Haute-Savoie, j'y ai mis ma femme, et je l'ai rejointe dès que le rapprochement de conjoint a pu jouer. Enfin, je le présente à l'ancienne. Mais le fait est que j'ai travaillé quelque temps à Morez en étant domicilié en Haute-Savoie.

Bon, pour les articles, ne me les demande pas tous, mais ceux que tu voudrais vraiment lire, ceux qui t'intriguent le plus. Pour Amiel, ce sera jeudi prochain : s'il a provoqué une remarque de ta part, c'est qu'il attisait particulièrement ta curiosité.

Promi je ne te demanderais que ceux qui attirent mon attention

Le n° du Messager concerné n'est plus disponible, à cette heure de la nuit ! Voici le texte de l'article :

Citation :

Amiel et la Savoie
Poétiques expériences de l’écrivain genevois
Amiel (1821-1881) fut un écrivain genevois très intériorisé, solitaire, auteur d’un gigantesque “Journal intime” aujourd’hui regardé comme l’un des plus beaux jamais écrits. Cette “troisième grande valeur littéraire” de Genève (après Rousseau et Mme de Staël), selon Albert Thibaudet, aima beaucoup se promener dans les environs de sa cité, et notamment, dans l’actuelle Haute-Savoie. Après ses excursions, il rédigeait ses impressions, lesquelles suscitaient au moins autant de lignes, sur le papier de ses cahiers, que ce qu’il avait pu percevoir matériellement.
Gallimard, en 1959, édita, de façon complète, l’année 1866 de son journal. A la date du 2 avril, alors qu’il se trouve sur le Petit-Salève, on trouve ceci : “(11 h. m.) La neige redevient fondante et le brouillard humide revêt toute la contrée. (...) Un tronçon grisâtre de l’Arve remue seul comme un serpent, au fond de la vapeur. L’horizon se touche à la main et les trois lieues cubes de pluie qui se voyaient hier se sont converties en un rideau opaque, ou mieux en une caverne flottante, dont mon observatoire occupe le centre, mais dont le regard ne peut percer ni la voûte, ni les murs grisâtres.” Étrange évocation, qui place des formes opaques et diffuses dans le mauvais temps !
Le 5 avril, le temps est meilleur : “Ce matin, dans mon périple quasi aérien du petit Mont-Gosse, c’est l’ouïe que j’ai surtout ouverte aux sensations. J’ai joui en aveugle de la fraîcheur exhilarante de la brise, des caresses veloutées du soleil, et de la confuse rumeur des champs, des eaux, des villages, bruit de la vie universelle sur lequel se dessinent les fusées joyeuses des merles et des pinsons. - Rien n’est en fleur dans les haies, ni sur les arbres. Mais dans l’herbe et sur la mousse pointent déjà l’améthyste des violettes, l’argent rosé des anémones et l’or des primevères. Pourtant, le fond de l’air étant encore dur, on n’a pas proprement des impressions de printemps. L’éclosion, l’effusion, le mol abandon, la langueur amoureuse, l’émotion de la renaissance manquent encore à la nature. Pâques a été trop précoce cette année et ma villégiature tombe trop tôt. On admire, mais on ne rêve pas. Les poumons se dilatent, mais l’attendrissement n’humecte pas la paupière. La froidure est tonique, mais le cœur aussi voudrait se sentir vivre et pour cela, il lui faut une atmosphère plus tiède, des rayons plus doux, un aspect du paysage plus sympathique et plus touchant.” Amiel juge du climat en se plaçant sur un plan moral : c’est ce qui anime curieusement sa description.
Il reviendra sur le massif du Salève l’automne suivant. Le 10 octobre, il écrit : “(9 h. m.) Bel effet de soleil levant, derrière le cône du Môle, fleuve d’or dans la vallée du Giffre, éventail de rayons plongeant dans la vallée de l’Arve, et grande barre de nuages coupant tous les sommets, des Voirons, du Môle et des Alpes. Ciel bleu au zénith, pour la première fois tous ces jours. Buissons, gazons tout trempés de rosée. Erré sur la croupe verte qui conduit à Tarabarra, à travers les touffes basses des houx et des genévriers et les rocailles erratiques qu’ombragent quelques châtaigniers touffus. Suivi du regard les replis de la Menoge et de l’Arve, les contours des coteaux et des monts, entendu les cloches lointaines et le bruit cadencé des fléaux, retrouvé les impressions de l’aube et senti glisser sur les mousses la robe traînante de l’automne.” C’est la vie de la Savoie antique, dans toute sa splendeur matinale ! Mais déjà, Amiel en ressent la nostalgie : il saisit des présences furtives, qu’il suggère plus qu’il ne cerne avec clarté. C’était un poète. Bien d’autres journées de son journal pourraient le montrer !

Merci

Peut-être pourrait-on inaugurer ici une série d'articles du Messager qui paraittraient sur le forum une fois leur crénau "papier" passé ?
Qu'en penses-tu Ramiel ?

Non : à la demande, seulement. Car Le Messager pourrait très bien dire que ses lecteurs n'ont qu'à attendre systématiquement une semaine. Et puis Le Messager paye. Je veux bien rendre service. Mais si on les veut chaque semaine, en principe, il faut s'abonner (1,30 € le n°, ce n'est pas tant). Internet ne doit pas remplacer l'imprimé, mais le soutenir, et le compléter. Enfin, si c'était systématique, je le ferais plutôt sur mon blog, non ?

Oui c'est sûr
Bon j'ai quand même essayé
Mais honnêtement, mon forum reste d'obédience très confidentielle (bien qu'il soit lu par plus de monde que d'abonnés)

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